Autrement dit, il ne me paraît pas impossible que des ondes, par exemple, fassent regrouper naturellement des faits, des circonstances, des interprétations. Ce qui se ressemble s’assemble dit le proverbe. Osmose, symbiose, appel réciproque, pourquoi pas ? On peut donc avoir une image globale, une autre dimension. Ce sera sans doute déjà trop pour les cartésiens purs et durs, mais c’est la fantaisie que j’apporte pour déborder du conventionnel. Que diraient-ils alors devant les affirmations de Jean-Claude Guy qui voit à travers ses interlocuteurs ce qu’ils furent ? On peut évidemment douter, mais il faut ouvrir la porte à l’hypothèse que cela puisse être vrai. Auquel cas, une réflexion objective conduit à se demander quels mécanismes peuvent conduire à cela. Eh bien, nous revoilà dans les ondes que j’évoque sans cesse. Il faut se promener dans les méandres de l’infiniment petit, porteur d’un “Très Vaste”, le tout jonglant avec ce que j’ai dit de la transmission d’une puissante particule de vie qui ne s’éteint pas avec le corps physique et prospère hors notre vue. Cela peut choquer, au minimum surprendre, mais il faut bien se dire que ce n’est pas au niveau du banal que se situeront les réponses. Sinon, on le saurait déjà. Il faut donc bien prospecter dans des terres neuves.

La notion du Présent dans le parcours général est capitale pour la compréhension du Vivant. Ainsi, en matière de religion, la Chrétienté a dominé tout le Moyen et Proche-Orient au début de l’ère Chrétienne; c’est ce qui a forgé le mythe. Après des périodes mouvementées, aujourd’hui, la religion chrétienne en est quasiment rejetée par l’envahissement féroce de l’Islam. En vertu de la dhimmitude le non-musulman est pratiquement privé de tous ses droits. Je ne veux pas aller plus dans le détail, pensant être en harmonie d’analyse avec chacun, mais pour qui s’intéresserait davantage, je retiens une étude bien conduite de Yves Pitette (un de mes condisciples de l’IHEDN) dans le numéro 120 de “Défense”. Alors, qu’en sera-t-il demain ? Je serais tenté de dire que je m’en moque, car “demain” n’est que le fruit d’un tremplin qui est “aujourd’hui” et c’est sur cela que nous travaillons pour tenter de comprendre Demain. N’allons donc pas trop vite. Restons fidèles au schéma de la bobine de film avec ses images évolutives : Avant, Pendant, Après.

Cette évolution dans le Temps et l’Espace, Bernard Brunnessaux l’a ressentie et exprimée. C’est ainsi qu’après une longue période de recherches et quasi certitudes, bien campé sur ses positions verrouillées, il découvre quelques définitions nouvelles à la suite d’un voyage en Egypte. Il met en évidence un lien entre Nout la déesse de la nuit et la voie lactée, puis avec le Taureau Céleste qui entoure cette voie capitale de deux fois six constellations. Comme il le dit lui-même, tout cela est parti du Temple de Denderah, ce temple qui m’est cher parce que j’y ai ressenti quelque émotion, sans m’autoriser toutefois à influencer le lecteur. Pour M. Brunessaux, le “vivant” continue ailleurs, plus haut, en plafonds successifs et évolutifs. Evidemment, en levant les yeux en l’air, on aura quelque difficulté à imaginer cette organisation céleste, mais j’admets volontiers qu’on peut alors la placer très haut, très loin, et non pas dans la banlieue de la Terre.

Dans la théorie de Bernard Brunessaux, il situe divers plans de vie successifs après la mort, le défunt évoluant de plage en plage pour des sphères supérieures. Dans le présent livre où j’essaie de poser du concret pour aider à accéder à l’abstrait, la difficulté d’adhésion pourrait être de situer ces plans précisément dans l’espace. C’est le vieux problème cartésien. Pour intégrer plus aisément ce contexte, je pense qu’on pourrait imaginer que ces plages ne sont pas dans nos plafonds immédiats mais très loin, très haut, voire en superposition avec le ”visible” ou, à l’inverse, très proches, mais avec d.’autres dimensions et perceptions.

Comme si - au moment où je suis encore dans l’imprégnation du chapitre précédent et que j’écris celui-ci - une confirmation devait survenir, je réalise l’importance d’une série de faits pourtant décousus au départ. J’ai à portée de main le texte de Sénèque que je venais de lire; il s’agit de Apprendre à vivre des “Lettres à Lucilius”. Le philosophe dit : Saisis toi de chaque heure ... On remet la vie à plus tard et pendant ce temps elle s’en va... On est moins dépendant du lendemain en s’emparant du présent... et surtout ...l’essentiel de la vie s’écoule à mal faire, une bonne partie à ne rien faire et toute la vie à faire autre chose que ce qu’il faudrait faire... Tout cela me convient. Dans tout cela il y a une émergence de la notion du Moment, c’est peut-être pour cela que je suis tant attaché à cette station de radio qui m’a souvent passé sur les ondes complétant sa prestation par une retransmission en direct sur Internet, la dernière entraînant 75.000 connexions ! En effet, elle s’appelle ICI & MAINTENANT 95.2.

Donc aide providentielle, en ce matin du 27 mai 2006, la Télévision m’assène une série de relations disparates mais me faisant constater combien je suis dans le vif du sujet par l’analyse du présent dans la chaîne de vie. Le petit écran me montre une interview de François Berléand, cet acteur qui n’est pas habitué des premiers rôles (malgré un Oscar) mais étale une philosophie de bon sens total. C’est un premier rappel de ce que j’appellerai les règles de base. Ensuite, comme pour passer à l’application, le journal télévisé m’a donné un superbe patchwork. D’abord, ce fut l’image racoleuse d’un tremblement de terre en Indonésie. Horrible spectacle des femmes voilées et entravées courant semi-aveugles pour fuir le sinistre; où étaient les Ayatollahs ? Sévère condamnation d’un curé violeur; où étaient les Membres de la Curie ? Départ de Zidane; où étaient les racistes obstinés ? Amnistie du champion Guy Drut; alors là les Politiques étaient présents, pour ou contre. Jeunes caillasseurs et pyromanes; où étaient les parents ? Mieux, quelques jeunes volant une voiture écrasent (à plusieurs reprises) une vieille dame qui les avait surpris; terrible ? Non, le plus grave suivait : ils n’avaient pas leur permis ! Qu’en pense Thémis ? Programme d’aide aux malades dépendants; où étaient les tenants de l’euthanasie ? Titres perfides du Journal l’Humanité; où est l’objectivité ? Défilé de vedettes à Cannes; qui va -t-on immoler ? Le nouveau Pape en Pologne sur les traces de son prédécesseur Jean-Paul II; où étaient ses farouches adversaires, dictateurs soviétiques ? Dans les cimetières du Kremlin, etc. Curieux emploi du temps présent de Sénèque. Je ne peux m’empêcher de songer à ce que rapporte Jean-jacques Fiechter sur le pouvoir parallèle de certains chef de tribus ou magiciens de l’Egypte pré-pharaonique. On les appelait souvent, dit-il, “faiseurs de pluie”. Ils étaient honorés comme le roi lui-même, mais... Mais, quand le peuple trouvait que le pouvoir magique s’amenuisait et que le “faiseur” ne ... faisait plus, ce peuple réaliste le mettait tranquillement à mort. Ah, que voilà une belle leçon qui pourrait faire trembler nos édiles ! Bref, dans l’évocation du gros paragraphe au-dessus, où étaient les moralisateurs et doctes enseignants pendant cette compilation télévisée ? Mais à propos aussi où donc était Dieu ? Je ne sais ou plutôt je crois le savoir. Mais en tout cas, je trouve là une triste confirmation des spirales qui emportent tout, en bien ou en mal.

Après m’être ainsi livré aux jeux de l’esprit, je voudrais pousser l’analyse un peu plus loin par un exemple concret et contemporain. Encore dira-t-on. Certes, je veille à garder mon axe depuis le début de cet ouvrage mais comment éviter que le rateau ne ramasse quelques traces collatérales. Alors, acceptons-les. Je veux plonger dans la Franc-Maçonnerie qui offre à l’exégète un domaine théoriquement apolitique et hors religion. Contexte idéal d’objectivité et de hardiesse. Ancrée sur un passé bien défini et orientée vers un humanisme total, la Maçonnerie donne a priori le cadre idéal d’analyse et de projection illimitée. Ses règles de fonctionnement, sa pratique, son rituel, sont les meilleurs garde-fous qui puissent exister dans les risques inhérents à tout dialogue. Toutes les conditions sont réunies pour que la Maçonnerie soit le tremplin de la réflexion et du comportement. Oui, mais elle est faite d’hommes et de femmes, de chair. Les déviances apparemment minimes s’y amplifient parce que dans ce milieu d’élites tout prend une proportion conséquente. En nos temps actuels, de précipitation, les faiblesses humaines s’installent et prennent le pas, privant la structure de ses capacités de projection si l’on n’y veille pas et je pense que c’est le cas. L’effet le plus flagrant est dans ce que j’appelle le travail dirigé. Ce sont des sujets annuels à étudier, soumis aux Loges par l’Autorité Centrale qui les avaient choisis parmi les suggestions envoyées par cette même base. Les synthèses de retour - appelées Planches ou Morceaux d’architecture - remonteront à l’Autorité centrale, passant à l’occasion par la structure régionale. Une synthèse finale (parisienne) conclura le cycle. C’est tout simplement génial, permettant une action collective et progressive de très haut niveau.. Que puis-je donc reprocher à ce système de travail offrant le plus de chance de progressivité et d’objectivité, quasi unique, capable de répondre précisément aux questions du Vivant ? Eh bien, il s’est érodé au lieu de s’adapter et progresser. Entre les balbutiements propres à l’émission de la question et la diffusion de la réponse officielle, il s’écoule facilement 4 ans ! Durant ce temps, le monde a terriblement bougé; ainsi la réponse est obsolète au niveau de l’enjeu le ramenant à une conception certes jamais inutile mais terriblement médiocre par rapport à la capacité. Pouvait-on corriger cela ? Oui, mais déjà à condition de s’en rendre compte. Comment ? Ce n’est pas à moi de le dire, surtout en ce livre, mais je ne manquais pas d’idées et le “leur” ai dit... De plus, et c’est cela qui empêche l’évolution de hautes pensées ; chaque structure hiérarchique de la chaîne, sous prétexte de sagesse et modération, privilégie la formule moyenne en rejetant toutes les options aiguës. Ce sont pourtant celles-ci, malgré leur dangerosité apparente, qui peuvent faire évoluer les pensées. Encore faut-il du caractère, une sacrée élévation de pensée et un exceptionnel don de conduite dans le sens de la chaîne du Vivant. .